Histoire de menu

Publié le par l'un l'autre

Histoire de menu

Entrée

Cinq tomates, disposées circulairement sur d'élégantes feuilles de laitue s'admiraient les unes les autres en bonne camaraderie. Bien sûr, toutes riaient sous cape de l'admirable chapeau rouge qui garnissait la tête de chacune ; pourtant, l'esprit restait bon enfant car elles s'aimaient comme des soeurs.

Et les chapeaux semblaient répondre par les soubresauts qui les agitaient. Mais ce n'était en réalité que les crevettes qui commençaient à gigoter, parce qu'elles en avaient assez de baigner dans la mayonnaise collante, à l'aide de laquelle on les avait fourrées, serrées comme des sardines, dans les tomates.

Alternativement, les chapeaux se soulevaient et les crevettes s'échappaient, à pinces perdues, en direction de la salade. Cependant, les tomates n'entendirent pas de cette oreille l'idée de se laisser dépouiller sans le moindre mot dire. Comment ? Les crevettes hors des rangs ? Mais c'était impensable voyons ! Aussi, elles envoyèrent un émissaire à leurs alliés, pour leur demander de les aider à remettre au pas les perfides crevettes. On déploya toutes les garnisons.



Plat principal

Les pommes de terre les joignirent les premières et, aussitôt arrivées, elles tombèrent comme des masses sur les petites crevettes qui ne savaient plus où donner de la tête. Et pourtant, l'ennemi dépêchait déjà la seconde salve. Il s'agissait d'une armée d'effroyables fantassins dotés de piques mortels : elle était formée par des troupes entières de quartiers d'agneau, montés sur de terribles brochettes. Ils marchaient en cadence et poursuivaient les crevettes récalcitrantes de leurs pointes acérées. Le Quartier Général, tenu par les haricots verts, allait rejoindre la mêlée et déplier ses fils pour ligoter les prisonnières car la victoire était proche.



Dessert

Alors que les crevettes se voyaient déjà perdues, un miracle survint : un saladier apparut dans le ciel. Il se mit en station juste au dessus du plat et déversa son contenu : les oeufs à la neige se jetèrent dans la bataille comme une compagnie de parachutistes. La crème anglaise, dégorgea à son tour, en flots abondants et furieux. En se répandant sur le plat, elle noya d'un coup toutes les troupes ennemies et seules les crevettes furent capables de nager dans la crème pour chercher un asile sur les petits ilôts constitués par les oeufs à la neige.

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