Le loup en Ardenne

Publié le par l'un l'autre

Les loups sont revenus en Ardenne ! Evénement sensationnel ! Leur apparition a ravivé chez les anciens le souvenir des chasses héroïques et de grosses émotions. Sans doute ne doivent-ils pas, pour en retrouver, remonter à l'époque de Charles VII, le roi de Jeanne d'Arc, alors que les loups entraient dans les faubourgs de Paris. Moins encore, à la fin du Xlle siècle, quand ces carnassiers assiégaient dans leur couvent les moines du Pays de Waes en Flandre. Non, les derniers avaient été vus en Ardenne, vers 1870, et les bons fusils autant que les amoureux de folklore regrettaient leur complète disparition. Aussi les Ardennais se sont-ils portés en foule vers les lieux où réapparaissaient les fauves. Ils croyaient ceux-ci à jamais extirpés de leur pays, où ne subsistaient plus de bêtes méchantes autres que les sangliers. Nemrods et paysans, bourgeois et ouvriers, tous y coururent, sans fourches ni fusils, car les loups s'abritaient prudemment contre la cruauté des hommes dans les cages d'une ménagerie qui les exhibait de ville en ville. Prisonniers faméliques, rampant sous le fouet de leur dompteur, ils n'étaient guère plus fiers que de vieux chiens battus, et ils furent la risée de la population. Même les gosses rougissaient d'avoir tremblé en écoutant l'histoire du Chaperon Rouge Ce n'est que cela, les loups ! Et ils chuchotaient qu'on les avait trompés effrontément. Par bonheur pour la réputation des loups, d'autres spécimens survinrent qui semblaient moins dégénérés. Ils avaient conservé des yeux effrayants et des dents aiguës. On ne les voyait que sur l'écran cinématographique ; mais ils existaient en chair et en os, puisqu'ils étaient pris sur le vif. Les carnassiers qui, dans le Miracle des Loups entouraient, inoffensifs, Jeanne Fouquet, puis dévoraient les hommes de Charles le Téméraire, arrivaient en Ardenne, précédés d'une renommée terrible. N'avaient-ils pas étranglé la première actrice qui s'était risquée à jouer la scène miraculeuse ! Le dompteur du cirque Aimard, auquel ils appartenaient, n'avait donc pas réussi à mater leur naturel féroce ! Aussi les Ardennais n'assistaient-ils à cette représentation que pour voir les " bêtes cruelles ", les " animaux pleins de rage > . Indifférents aux faits de guerre et aux scènes d'amour extraits du roman de M. Dupuy-Mazuel, ils poussèrent des " Ah ! Ah ! Oh ! Oh ! " révélateurs de leur impatience enfin satisfaite, lorsque les fauves surgirent de la forêt et s'élancèrent sur leurs proies. lis revivaient les émois de leurs ancêtres, et leur coeur battait d'aise au souvenir du passé _Après la séance, c'était parmi les vieux et les ' à qui raconterait des histoires de loups, non plus des animaux acteurs de cinémas, mais des hôtes textuels de nos bois, fléaux de nos étables et de nos bergeries. Moi, disait, à la sortie du théâtre, dame Fontaine, âgée de quatre-vingt-onze ans, j'en ai vu souvent quand, jeune fille, j'habitais à Marbay. L'hiver, ils se rapprochaient de la ferme, et assis à l'orée du bois, ils examinaient les allées et venues des gens et du bétail. Aussi le berger étai-til toujours sur ses gardes, et avions-nous une frayeur constante de laisser nos portes ouvertes. La nuit, nous entendions les loups hurler et aboyer. Dès que nous allumions du feu ou faisions du bruit, ils décampaient. Enfant, je n'ai échappé à un loup assez audacieux pour s'approcher de la maison, qu'enme jetant dans le lavoir. Mr Ponsar, quatre-vingt douze ans intervient : J'ai connu ce temps-là, moi aussi, M'ame Fontaine ; c'était le temps où nos bouviers transportaient bois et charbons depuis Luchy-lez-St-Hubert jusqu'aux forges de Longwy et Sedan, voyageaient durant plusieurs journées et dormaient à la belle étoile. Ils laissaient, la nuit, leurs grands boeufs paître dans les taillis, et bien souvent, ils les retrouvaient, à l'aube, acculés en cercle, la corne en défense, contre quelque loup. Quant aux battues, quand j'étais jeune, je n'en manquais pas une, se vanta-t-il en redressant fièrement son torse ployé. Ah ! la belle fête quand nous capturions un loup vivant. Nous le promenions triomphalement de paroisse en paroisse. Lorsque nos balles l'avaient atteint, nous le montrions blessé ou mort, étendu sur une civière, ou porté sur nos épaules. Parfois même nous lui coupions la tête et la piquions sur un bâton. Les bonnes gens partout nous accueillaient avec joie et payaient la goutte ; et à chaque carrefour, dans les cabarets, et sur le seuil des portes, il fallait raconter la chasse, tandis que les bambins dansaient des rondes autour de nous. Oui, confirma Mathurine, les chemineaux recherchaient ces dépouilles ; ils demandaient aux chasseurs de les leur céder ; ils les empaillaient et se les passaient de père en fils pour mendier à travers le pays. Naturellement, le possesseur d'un loup empaillé prétendait toujours, quelque usée et chauve qu'elle fût, avoir occis lui-même la bête; il allait de ferme en ferme et moyennant une maigre aumône, il disait, casquette basse, l'oraison traditionnelle. Que le bon saint George Lui serre la gorge ! Que le bon saint Jean Lui casse les dents !, etc... La prière était longue, et elle garantissait les bestiaux pour toute l'année contre l'appétit des fauves. Feu mon mari suivant, un jour, la grande route dans la forêt de Tronquoy, fut accompagné durant plus d'une heure par un énorme loup qui marchait à cinquante pas de lui dans les taillis. II n'avait d'autre arme qu'une canne dont il battait les troncs d'arbres le long du chemin et maintenait la bête à distance par ce bruit et par des cris. Une autre fois, il fut surpris par un loup dans les prés de Barville, entre Neufchâteau et Bertrix, et s'en délivra en frappant à grands coups de sa fourche sur l'empalement d'un ruisseau. Une après-midi de décembre, il en vit un descendre paisiblement la rue St- Roch à Neufchâteau, et qui, poursuivi par des Chestrolais, s'échappa par la Cherravoie. Ceci date de 1872 environ. Ces animaux, m'étonnai-je, n'étaient donc pas aussi féroces en Ardenne que dans les légendes et dans les steppes sibériennes et les solitudes du Grand Nord Canadien ? Mais non, mais non, s'écrièrent à la fois plusieurs personnes dans le groupe formé autour de moi. II y avait loup et loup, distingua le notaire Verdier, un chasseur émérite malgré les soixante-quinze ans qui arrondissaient son dos et engourdissaient ses jambes ; cela dépendait des cas. Les plus petits, ceux qu'on appelait les " Maumounettes >, étaient les plus méchants. Un homme poursuivi par eux et qui serait tombé, aurait été étranglé. Le loup s'en prenait le plus souvent aux brebis, aux chevreaux, aux porcs, aux bourriques ; parfois il attaquait le gros bétail, veau et même génisse qu'il parvenait à séparer du troupeau en les poursuivant. Le jeu était sans danger pour lui. Même affamé, il n'affrontait jamais que les petits enfants, les promeneurs isolés et sans défense. II ne s'approchait pas des hommes qui, pour l'écarter, battaient le briquet ou faisaient du tapage. Attrapé, le loup était poltron et devenait doux comme un agneau. Quand demandai-je, a-t-on vu le dernier des carnassiers dans le pays, le dernier loup authentique, sans compter ceux que la fantaisie des journalistes ressuscite, chaque hiver ? D'abord, répondit le notaire Verdier, chaque région a eu son dernier loup. Ainsi les Epioux ont vu le leur en 1870, lors d'une traque aux sangliers. Un des gardes battant les fourrés vit soudain à quelques pas de lui une espèce de grand chien, raide et haut sur pattes, au corps allongé, aux poils longs, noirâtres, tirant sur un gris sale, le museau effilé, les oreilles en pointe dressées, la queue touffue et pendante. C'était bien un loup. Aussitôt le garde se mit à crier de toutes ses forces en menaçant la bête de son bâton ferré. Elle bondit à travers bois, et quelques instants après, elle tombait sous les balles des chasseurs. On n'en vit plus depuis lors dans ces parages. On en découvrit encore un, l'hiver de 1885, du côté de Cornimont, blessé au cours d'une battue par un garde de Gros?Fays, près d'Al le-sur-Semois. Il fut achevé d'un coup de couteau par un des chasseurs qui en le poignardant f ut cruellement mordu. On a prétendu dans la Libre Belgique du 4 janvier 1928, que c'était le dernier loup tué en Belgique, mais c'est une erreur. Pour ce qui est du pays de Neufchâteau, voici quelqu'un qui vous en dira plus long, fit-il en saluant le député Poncelet qui jusqu'à ce moment avait causé avec d'autres personnes et s'apprêtait à s'éloigner. En effet, acquiesça l'interpellé, je crois avoir eu la chance de voir le dernier loup non seulement de Neufchâteau et de la région chestrolaise, mais aussi de la Belgique. Je n'oublierai jamais l'aventure. C'était le 31 décembre 1888 ; j'avais vingt ans ; je chassais avec. mon père dans les bois de Jehonville et d'Offagne ; le soir tombait ; je sonnai de la corne pour rappeler les chiens. Soudain mon père me serrant le bras chuchota. Silence ! un loup, là-bas ! La bête, arrêtée par ma sonnerie, scrutait les alentours, hors de portée de nos fusils. Nous ne pouvions l'atteindre que par la ruse. Mon père s'engagea d'un côté ; moi j'allai de l'autre pour lui barrer la retraite. Au moment où je débouchais du bois, je la vis bondir à travers champs ; je tirai, mais la ratai ; plus loin elle frôla un paysan occupé à étendre du fumier à la fourche ; il lui lança son outil et la manqua, et elle disparut dans un fourré. A quelques jours de là, elle fut blessée par le duc de Groix mais,échappa encore. La neige étant tombée, on put suivre ses traces et découvrir qu'elle fréquentait la fontaine d'Acremont. On y déposa un piège empoisonné et on la trouva bientôt crevée au bord de la source. C'était une louve énorme. J'ai la peau chez moi. Je vous la montrerai quand vous me ferez le plaisir de votre visite.Pour une peau magnifique, Monsieur Poncelet, on peut dire, c'en est une, confirma le sonneur qui chaque année portait le cierge bénit de la Chandeleur au domicile du représentant. C'est mon cousin, le fermier Jules Thomas, ajouta-t-il, qui a tué le dernier loup à Sohier, près de Wellin. Cet animal était, quand on l'a abattu, vraiment agonisant de faim ; on ne lui a trouvé dans l'estomac qu'une vieille semelle de soulier. Un éclat de rire général accueillit cette anecdote. Je décidai alors d'interroger mon vieux meunier. Dès le lendemain, je lui demandais de réveiller les souvenirs que les loups avaient laissés dans sa mémoire. Je fis ainsi une ample récolte de contes suggestifs."J'avais dix ans, rappela?t-il notamment, quand je vis mes premiers loups dans ces parages". De 1840 à 1850, ils pullulaient littéralement en Ardenne. Ils dévoraient non seulement les bestiaux des paysans, mais aussi les bourriques et les baudets des meuniers. Ceux?ci n'employaient pas d'autres bêtes de somme pour transporter les < dossées >, les sacs de grain à moudre,, vu que toutes les routes étaient très mauvaises. La foire aux ânes se tenait à Bertrix. C'est ce qui a donné leur sobriquet aux habitants de cette localité. Les loups nous arrivaient des bois de France et ils rôdaient en bande, surtout entre la Noël et la Chandeleur. Quand une bête ne rentrait pas à la ferme; on allait frapper à la fenêtre du Père Joseph, un vieil homme qui vivotait solitaire, pour lui demander de réciter l'oraison du loup. Aussitôt il se mettait à prier, et, la cérémonie achevée, il renvoyait le client. et promettait que la bête égarée reviendrait certainement. Je gardais souvent les troupeaux avec Jeannot Laurent, le frère de ma petite Marie. Mon camarade était peureux comme un lièvre. II montait sur la table dès qu'à la ferme on parlait de loups. Un jour, nous étions ensemble dans le grand pré à quelques minutes de chez nous. Soudain, je vis deux gros chiens s'approcher d'une de nos brebis. Les loups ! Les loups ! hurla mon ami, prêt à détaler. Déjà je ramassais des pierres et les leur lançais. Jette leur ça ! Jette leur ça ! criais-je en tendant des projectiles au Jeannot. Entraîné par mon audace, celui-ci se mit à crier plus fort que moi. II lapidait avec fureur, et bientôt les loups déguerpissaient tout penauds. Quand nous rapportâmes à la maison que nous avions pourchassé deux loups, toute la famille se moqua de notre vantardise. Mais les incrédules apprirent le soir même, que les fauves avaient, un quart d'heure après notre alerte, égorgé un porcelet, et attaqué un veau dans un pré voisin. "Vous l'aviez échappé belle, admirai-je" ; Pierrot a failli ne pas devenir le Père Bernard. "Oui, sourit-il", Pierrot a même failli ne pas venir au monde à cause des loups. Mon père avait épousé une Dumont, de Walsing, près d'Arlon, et était demeuré quelque temps chez ses beauxparents. Un jour, il alla au tribunal de Luxembourg pour remplacer son père, infirme, dans un procès d'héritage. C'était en 1815, au mois de janvier, et la neige tombait en abondance depuis une semaine. Mon père, revenant chez lui, se trouvait déjà au coin du chemin dit le chemin espagnol, lorsque, se retournant, il vit sept loups qui le suivaient. Sept loups ! et il était seul et sans armes. Que faire ? II se mit à battre le briquet, et les loups restèrent à distance. Mais, par prudence, et pour les dépister, il changea de route et résolut de gagner Walsing en faisant un long détour par Arlon. A quelques pas des premières maisons, il respira à l'aise : les loups l'avaient quitté. Mais il avait à peine dépassé la ville et repris la route de Walsing qu'il entendit aboyer à ses trousses. Les sept loups avaient coupé à travers les campagnes, le rejoignaient, fonçaient sur lui et hurlaient comme une meute d'enragés. La terreur le cloua, un instant au sol. Courir, c'était tomber sous leurs crocs. II hâta le pas en battant de nouveau son briquet. II avait déjà marché cinq heures durant. II lui restait à marcher une longue demi?heure. II allait, haletant, chancelant parfois, enfonçant dans les masses de neige, trébuchant dans des ornières, faisant feu sans cesse, toujours suivi des sept loups qui se rapprochaient au point qu'il lui semblait sentir leur haleine, dès que les étincelles cessaient de jaillir. Il suait sang et eau. Sa gorge râlait. II bégayait des pater et des avé. Enfin, il atteignit sa maison, se jeta sur la porte Femme, ouvre, ouvre vite ! les loups ! les loups ! La porte s'ouvrit et au même instant mon père s'abattait évanoui sur le seuil, tandis que, aux cris poussés par ma mère, la bande de fauves disparaissait dans l'ombre. Quand mon père eut repris connaissance, solennel, il se signa et dit à ma mère? Femme, ne faisons jamais de tort à personne, afin d'éviter que, par notre faute, il arrive malheur i. Ce sinistre voyage, il nous l'a répété maintes fois, et il ajoutait que s'il avait eu la malchance de tomber en route, il aurait été déchiqueté, et jamais on n'aurait retrouvé sa trace. Dans son livre sur l'Ardenne, Victor Joly raconte que vers 1851, les loups mangèrent un porteur de contraintes de Sugny, et un étameur ambulant. Pourtant, cet auteur le prouve, le loup n'était ni lâche ni féroce. Ne vous récriez pas, Père Bernard ; c'est un méconnu, un calomnié, qui a plus de qualités que de défauts. Sa prudence et sa défiance ont fait de lui le type de la vigilance. Sa rouerie égale la malice du renard et dénote moins un instinct aveugle qu'une intelligence supérieure.II attaque l'àne par devant pour éviter ses ruades et la vache par derrière par crainte de ses cornes. Pour dépister les chasseurs, il regagne son gîte à reculons dans la neige, et s'il traverse en bande un champ qui puisse garder ses empreintes et révéler le nombre des sujets, il place les pattes dans les trous du chef de file. Il a la témérité du sanglier : il enlève et étrangle un chien à vingt pas de la meute. II a la force du lion : il emporte sur son épaule un mouton que le roi des animaux est obligé de traîner. Sa puissance musculaire est prodigieuse. Ses dents sont plus dures que de l'acier. II éreinte à la course tous les chiens et les chevaux les plus rapides. Point gourmand, mais frugal, il se nourrit de lapins et de lièvres, de faons et de marcassins, de grenouilles et de crapauds, au besoin d'herbes et de racines. Ce n'est qu'après avoir jeûné pendant plusieurs jours, que, poussé par la faim, il se rapproche des étables. Timide par essence, il ne cherche jamais le danger. Il est plus pratique que chevaleresque. Sa vue perce l'ombre. Son flair est d'une finesse inouïe : il repère un cadavre à une lieue de distance. En changeant son hygiène on l'apprivoise facilement ; on le domestiquerait sans peine. Les Esquimaux ont fait de leurs chiens qui sont les fils de grandes louves canadiennes, d'incomparables bêtes de somme. Si les sauvages du Pôle Nord réussissent à se servir des fils de louves, interjeta le meunier, c'est que saint Remacle les aide, sinon ils n'arriveraient pas à grand' chose avec ces maudites bêtes. Si vous ne connaissez pas l'histoire, la voici : Saint Remacle, l'évêque de Tongres, avait été envoyé en Ardenne par le roi Sigisbert, fils du bon roi Dagobert, pour convertir les gens du pays. II possédait un âne appelé Jacques, pour porter ses provisions du monastère de Cugnon à la grotte où il demeurait. Or, un jour, un loup énorme, qui était le diable luimême, étrangla le bourriquet. Remacle survint à ce moment, jeta son chapelet au cou du carnassier, et l'ayant ainsi maté, le chargea des paniers que devait transporter le pauvre Jacques. Durant deux ans il l'utilisa comme bête de somme, et sans doute l'aurait-il tenu à son service jusqu'à sa mort, si le fil du chapelet ne s'était usé et cassé ou si les souris rouges qui s'échappent de la bouche des sorciers ne l'avaient rongé. C'est ce qui arriva et, un matin, saint Remacle trouva le chenil vide. Le diable s'était enfui, laissant dans la grotte une peau de loup puant le soufre. Or, comme Satan a la vie dure, il pourrait bien rôder par ici, et comme on ne sait jamais s'il a dîné avant de faire sa promenade, je ne vous souhaite pas de le rencontrer, le soir, quand vous retournerez chez vous. Ce serait payer très cher le plaisir que vous me procurez en prolongeant la veillée chez moi.Je ne vous permets d'ailleurs de vous attarder ici que parce que vous ne courez aucun danger dans nos campagnes. Du côté des loups, sans doute, mais si j'allais rencontrer... des hommes ! II en est qui attaquent sans avoir faim, n'est-ce pas, Père Bernard ; dites-moi l'oraison du loup, et je m'en irai tranquille, sans avoir peur des hommes.

Extrait de L'âme de l'Ardenne de Louis Wilmet. Editions Jean Petitpas. Bomal.

Publié dans J'ai lu

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